Une tranche de notre histoire en Bande Déssinée
Dans le cadre de la programmation du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger au sein 28ème SIEL, la salle Chellah a accueilli la présentation et signature de la Bande Dessinée « Les indésirables, dans les camps sahariens de Vichy » de Aomar Boum et Nadjib Berber (récemment décédé), et ce, en présence de Aomar Boum et de la veuve du défunt et son fils. Coéditée par le CCME, l’UIR, la Croisée des chemins et UCLA (2023), cette BD s’ajoute à une série de projets sur l’histoire et l’anthropologie du Maroc, déjà réalisés par Aomar Boum. Elle nous révèle une période de notre histoire, et nous rapproche de plusieurs histoires européennes, de la guerre civile espagnole, du nazisme, de ce que les juifs et opposants du nazisme ont subi en Allemagne, …
Durant la présentation, nous étions devons un homme humble, humain et passionné par son travail.
Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire ce livre et que représente-t-il pour vous ?
Ce livre est un projet personnel. A la base, il y a l’histoire de mon père, Faraji Boum, qui a travaillé dans des camps de travaux forcés d’Agded de Bouazer où il y avait des mines de cobalt. Puis, l’histoire de Si Ahmed Berber (le père de Nadjib) causcrépté par les Français dans les années 40. C’est histoire de deux Nord- africains, un Marocain et un Algérien, de deux nord-africains qui habitent à Los Angeles qui ont vécu l’holocauste des Nazis. Donc, on a essayé de changer la caméra, le zoom de l’Europe, de la partie Sud de la Méditerranée pour écrire notre histoire. C’est une collaboration de l’Université de Californie à Los Angeles et l’Université de l’UER. Je les remercie pour leurs efforts afin de faire la démocratie de l’information, parce que nous avons pris la mission de traduire en arabe et français, et ce sera en amazigh dans l’avenir, et peut-être même en hébreu.
Pourquoi avoir choisi la bande dessinée pour raconter cette histoire ?
C’est pour vulgariser l’information. Pour que tous les publics puissent lire ce travail, petits et grands. C’est un projet de réflexion pour donner un autre modèle d’information et d’enseignement. Nadjib et moi, nous avons commencé par chercher dans les archives de la Bibliothèque Nationale, des archives américaines, de Nantes, des Etats-Unis et dans tout le monde pour récupérer des histoires, et à travers cela écrire une histoire d’une migration, une fuite de fascisme en Europe, en Afrique du Nord. Mais, dans ce processus, il y avait des camps de travaux forcés établis par le système de Vichy dans tout le désert pour l’industrie des Nazis et de Vichy. C’est l’histoire d’un Allemand qui s’appelle Hans Frank (un journaliste juif) qui a rencontré des Marocains et des Algériens. Il était enfermé dans un camp de travaux forcés en Algérie et a pris la fuite au Maroc à Casablanca. C’est une histoire vraie, mais écrite par les yeux d’un anthropologue qui a essayé de donner une vision anthropologique et ethnographique à ce projet, et d’évoquer les archives. On est, aussi, en train de réintroduire une vision d’écrire cette histoire à travers la bande dessinée comme Najib Ali a fait avec la question palestinienne.
Quel est l’objectif de ce travail ?
Dans ce travail, il y a un projet scientifique et un projet pédagogique d’enseignement. Le projet scientifique commence par donner une notre vision à notre histoire, afin de laisser notre empreinte dans ce domaine. Le deuxième projet consiste à établir un système pédagogique marocain, nord-africain ou africain en général qui parle à l’audience, aux enfants, parce qu’on ne connait pas notre histoire. Moi, par exemple, j’ai connu mon histoire à travers mon père qui a vécu toute l’histoire de la période coloniale ou presque et j’ai compris, par son biais, beaucoup de choses sur le Maroc.
A propos des auteurs
Aomar Boum est titulaire de la chaire Maurice Amado d'études sépharades des départements d'anthropologie, de langues et cultures du Proche-Orient et d'histoire de l'Université de Californie à Los Angeles.
Nadjib Berber est un dessinateur de bande dessinée américano-algérien. Il a travaillé comme caricaturiste politique pour la presse algérienne (Révolution africaine, El Djoumhouria).
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